Le classicisme d’Ingres a dégénéré en académisme pompier. Les Vénus ou les muses, les spartiates ou les ancêtres préhistoriques chasseurs d’ours qui envahissent les cimaises du Salon ne peuplent qu’une Antiquité d’atelier, en parfaite harmonie avec le goût du public bourgeois avide d’histoires édulcorées et polissonnes, et de scènes réelles. L’Antiquité n’est pourtant pas le bal des Quat’z’arts.
Cependant, un siècle après, lorsqu’on les observe, les œuvres académiques présentent souvent un avantage sur les audaces des novateurs : un meilleur respect du métier de peindre de leurs auteurs les a mis à l’abri des outrages du temps, alors que L’Incendie de Courbet 2 est devenu illisible en raison de l’usage de bruns bitumineux.
Certaines toiles de Van Gogh ont perdu de leur éclat du fait de l’usage de couleurs fugaces, alors que les Psychés de Cabanel ou le Combat de Coqs de Gérôme ont gardé l’essentiel de leur jeunesse académique.
Néanmoins, les artistes académiques, crispés dans le respect d’une tradition dévoyée, sont incapables de sentir la nouveauté qui se fait jour au milieu du siècle. Ils n’éprouvent que du mépris pour tout ce qui ne correspond pas aux canons de la « grande peinture » : historique, religieuse, militaire, soumise, quel qu’en soit le sujet, au culte de l’anecdote.
Pourtant, certains parmi eux seront influencés timidement par les recherches sur la lumière, entamées par les artistes novateurs. Zola le mentionnera dans ses articles sur le Salon.
Il remarquera cette influence, mais ne comprendra pas l’originalité impressionniste, et encore moins l’audace de son ami Cézanne. Tous prendront leurs distances avec lui.
Ainsi, dans la totalité de la deuxième moitié du XIXe siècle, nous assistons au premier triomphe de la peinture institutionnelle : l’académisme « pompier ».